L'ESPRIT DU VENT Print

HORS LES MYTHES Angelo MADYALES 2016 Lors de ses précédentes expositions "Tatouage du regard" en 2012 et " Madyalès" en 2014, Angelo Madyalès livrait au public un travail original et fouillé. Le grain du crépi, les objets détournés, les couleurs vives mêlées à un noir profond sur la peau de ses toiles et de ses sculptures restent en mémoire. Surtout, ses personnages démolis fascinent. Cette année, on ne voit qu'eux. Leur seule présence habite chaque toile, explose notre habituelle représentation de l'être humain. Serons- nous rebutés ou réceptifs ? La visite s'impose. 1 De l'intime à l'universel Angelo Madyalès, impitoyable contemporain, explore la condition humaine et analyse le monde. Il racontait les déceptions de sa vie, désormais il distille et révèle l'essence de notre temps. Son style unique exprime la solitude induite par la clairvoyance et la sensibilité, le combat quotidien pour rester debout, lutter contre l'abrutissement, conserver un sens à l'existence et survivre dans le chaos actuel. Ce peintre est d'un optimisme désespéré mais généreux: il aime éduquer le regard et nourrir la pensée. Angelo Madyalès embarque littéralement son public loin des rives encombrées et bruyantes. Sa voix grave et saccadée égrène les sujets d'indignation qui l'étouffent, puis confie les effrois qui agitent ses pinceaux tard dans la nuit. Cette exposition en est un nouveau reflet, qui recèle un surprenant réquisitoire. 2 Bonbons acidulés En ce début 2016 c'est presque un tableau par jour qui naît sous les doigts de l'artiste. L'acrylique désormais mêlée à "plus de blanc" offre des couleurs suaves et sucrées: ciel pâle, perle et prune, et ce rose guimauve, bonbon moelleux, tendresse d'enfance qu'il étale en fond et lisse avec soin sur un papier kraft ou une toile de drap. Parfois Madyalès construit sur un plat ayant servi de palette, et la matière prend forme sur la céramique, s'épaissit en pâte crémeuse d'où apparaissent comme sculptés des visages doux et tristes. Attrayante angoisse. Bonbons acidulés. S'il adoucit le fond de ses toiles, ses personnages, les sujets et les formes qui les entourent nous laissent les mêmes interrogations, les mêmes appréhensions. Mais l'homme devient plus pressant. Son intime abattement prend corps, son indignation personnelle se fait discours, exhortation à une prise de conscience et une révolte plus collectives.