Trace(s) n°18 Painting

« Traces ». Je cherche à mettre en exergue la présence, consciente ou inconsciente, d’une volonté féroce qu’à l’homme à vouloir « marquer » son temps. L’ambition de laisser une trace est selon moi une autre façon de combattre la peur et entre autre celle de la mort. L’iconoclasme contemporain et l’agnosticisme ambiant ne permettent plus de trouver dans la religion les réponses rassurantes aux questions sur la vie et sur sa fin. Volonté d’être « quelqu’un », de ne pas avoir vécu en vain, de laisser à la postérité autre chose que des souvenirs est une pression sociétale angoissante et anxiogène pour la génération du XXI siècle. A mesure que l’on valorise la visibilité comme échantillon représentatif de la réussite, le paradoxe veut que la population mondiale grandisse et que le temps court soit la nouvelle norme. Circulation rapide des informations, modes éphémères, cycles de reconnaissance raccourcis et renouvelés sur des temps courts compliquent l’émergence d’actions communes, sincères et désintéressées. « Le temps n'efface pas la trace des grands hommes.» De Euripide Extrait de Andromaque « Une trace ineffaçable n'est pas une trace.» De Jacques Derrida Extrait de L'écriture et la différence Ce besoin de « Traces » pose des problèmes identitaires, brouillant pour beaucoup la réelle nature de leurs désirs. La relation que l’homme entretient avec l’histoire, la mémoire et l’art a également affaire avec la notion de « Traces ». Je recherche ces mêmes « Traces » à l’aide d’outils numériques tel que Google Street View. Traces d’humanités rendues visibles pour la série « Strangers from.. ». Traces d’évènement d’actualités inscrites dans le temps long par le biais de l’œuvre matérielle pour la série de paysages de Donetsk et d’Alep (séries en cours). La disparition et l’insignifiant sont également au cœur de certaines œuvres où l’effacement des « Traces », les miennes pour Palimpseste et Les Autruches rentre en contradiction avec la notion admise de l’artiste, ou du moins l’image d’Epinal qu’ont les gens de l’artiste. What joins together all my production last and presents is the concept of “Traces”. I seek to put forward the presence, conscious or unconscious, of a wild will of man to want “to mark” his time. The ambition to leave a trace is in my opinion another way of fighting the fear and amongst other things the fear of death.