Water movement 9 Photograph - Limited Edition of 1

Entre la photographie et l’analogie picturale, les images incarnées de Stefan Hoareau nous conduisent jusqu’aux limites du genre, par l’adjonction poétique de l’écrit et leur aptitude au renoncement. En effet, le simple nécessaire, induit par quelques traces ou maculatures judicieusement distribuées, suffit à mettre en perspective les pensées visuelles de l’artiste et le calibrage de ses compositions, au large de la tutelle technique de la photo. Bien sûr, chaque mode d’expression a ses règles, ses contraintes et ses avantages, mais c’est l’éloquence grave et romantique du texte accompagnant les séquences qui nous fournit les indices nécessaires à leur lecture. Utilisant donc une vision très ample de son medium, avec lui la photo est écriture et l’écriture photo. La clé nous est alors délivrée au fur et à mesure du déroulement des tirages, quand se dessine en filigrane l’histoire d’une femme perdue. Une femme dont le prétendant veut assurer le salut, en la ramenant vers la lumière, de l’enfer à l’éden en passant par le purgatoire. Nonobstant son expérience dans le photo-reportage de caractère culinaire, qui nécessite une vigilance scrupuleuse, Stefan Hoareau n’a pas cédé au culte du détail, au pittoresque et autres aménagements favorables, seulement à son thème fédérateur. Plaquées comme en surimpression sur la blancheur du support, ses effigies féminines traitées globalement au contour nous parviennent de régions trop enfouies pour apparaître intactes. Effritées, fissurées, hachurées, alvéolaires, étêtées ou affublées d’un voile, elles interpellent notre imaginaire en sécrétant une suite d’instants menacés, que la force du noir et blanc accuse dans la première période. Une étrange symbolique nimbée de solitude émane de ces climats oppressants, dont les nuances lacunaires du procédé photographique soulignent les tensions contrastées. Par conséquent, délibérément inachevées, recluses dans la fluidité ajourée de leur carapace, ces femmes qui n’en sont qu’une, à la fois distantes et familières, ne nous révèlent qu’une partie de leur tourment. Au regardant d’en déduire l’autre, que le photographe va nous aider à découvrir. GÉRARD XURIGUERA