La lune dans le caniveau Print

L’élan du trait, l’écho de l’âme Dessiner le nu, c’est approcher l’indicible. C’est saisir, dans le silence d’un instant, ce que le modèle choisit d’offrir – un frémissement, une tension, une paix. De ce souffle naît une trace : parfois douce, parfois précise, parfois fulgurante. Mais toujours vivante. Je me laisse traverser par cette liberté totale, sans limite de support, de cadrage ou de matière. L’encre, complice fidèle, avance sans retour possible, guidée par l’élan intérieur. Elle raconte ce qui ne peut se dire autrement. Depuis la traversée du cancer, le temps s’est densifié. Chaque geste, chaque ligne, est devenu nécessité. Mon dessin n’est plus un simple contour : il est battement de cœur, cri contenu, souffle de lumière. Il ne s’agit plus de figurer un corps, mais de révéler une présence – la mienne, la vôtre peut-être. Une présence habitée, brûlante de vie, d’épreuves et d’espérance. Regarder ces œuvres, c’est entrer dans un dialogue intime, une respiration partagée, un chant muet sur la résilience, la beauté, et ce miracle ténu qu’est l’existence.